XIXe-XXIe siècles
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La dissertation : un exercice scolaire au service de la formation de l’élite masculine ? A Genève et plus largement en Suisse romande, le processus de fabrication de la dissertation est lié en réalité au développement des écoles secondaires de jeunes filles qui s'organisent dès 1848 autour d’une culture moderne, dans laquelle le français prend le statut de voûte, la dissertation, celui de clé. A la suite des premières remises en cause de l’exercice à partir de 1955 pour son caractère ©litiste, l'exercice ne disparaît pas. Il est cependant reconfiguré en profondeur dès 1980, en particulier dans la filière non gymnasiale désormais mixte : d'un moyen d'évaluation de la culture générale de l'élève, la dissertation devient progrssivement un genre argumentatif permettant d'évaluer la culture scolaire littéraire acquise par l'élève dans le cours de français. Cette étude montre ainsi comment la dissertation en tant qu’exercice scolaire apparaît et se développe dans le cadre d’un projet politique précis, la démocratisation de l’enseignement, impliquant la mise en place d’un nouveau modèle de formation, la culture générale, dans lequel le français joue tout au long du XXe siècle le rôle de fer de lance.
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TABLE DES MATIÈRES
Avant-Propos, Lieutenant-colonel Rémy Porte
Introduction générale
1. De la guerre matérielle ou industrielle aux esprits en guerre
2. Une rupture avec l’esprit d’ouverture
3. Des entrecroisements incessants
4. Tout serait dit ou écrit ?
5. Un nouveau type de guerre : de la guerre totale à la guerre économique
6. Des systèmes productifs sectoriels et locaux à l’appareil économique d’Etat ?
7. Des héros ou de grandes figures de la guerre économique
8. L’argent, nerf de la guerre
Première partie
La guerre industrielle de la Nation
Chapitre premier. Bordeaux, capitale de la mobilisation industrielle (20 septembre 1914)
1. Bordeaux au coeur des choix stratégiques en septembre 1914?
2. La mobilisation industrielle classique
3. Des débats autour de la stratégie militaire française
A. Edmond Buat, un témoin clé
B. Une inflexion sous la pression des événements
4. Trois réunions d’industriels à Bordeaux
5. Le lancement de la guerre industrielle
Conclusion
Chapitre II. La montée en puissance de la machine de guerre industrielle : vers une économie mixte (1914-1919)
1. Une maturation trop lente de l’outil productif (de l’automne 1914 à l’été 1916)
A. Les blocages de l’été 1914
B. Les premières réactions après la prise de conscience de l’impasse économique
C. La persistance de blocages insidieux
D. L’enjeu de la qualité
2. La mise en place d’une administration de l’économie de guerre
3. Une économie mixte de guerre, entre politiques et patrons
4. Une fonction de coordination entre dirigisme et liberté d’entreprendre
A. Stimuler les entreprises
B. La cristallisation des organismes patronaux
5. Une puissance industrielle dualiste
Conclusion
Chapitre III. La montée en puissance du système productif de guerre articulé autour de l’artillerie
1. Les premières étapes du déploiement de l’industrie de l’artillerie (1914-1916)
A. Le bond des besoins entre 1914 et 1916
B. L’essor de l’artillerie lourde
C. La mutation des mortiers
D. La définition d’un schéma d’ensemble en juillet 1916
E. L’artillerie n’est pas la panacée : les exemples de la Somme et du Chemin des Dames en juin-juillet 1916 et avril 1917
2. La guerre du feu intense : la montée en puissance
A. Une nouvelle impulsion donnée à l’artillerie en juin-juillet 1917
B. Les ultimes productions d’artillerie en 1918
3. La double guerre des productions : faire du neuf, entretenir l’ancien
4. La structuration d’un système productif articulé autour de l’artillerie
A. Les arsenaux au coeur de la guerre industrielle
B. Des établissements géants en région lyonnaise
C. La vallée de la Basse-Seine dans la guerre industrielle
D. Thomson-Houston, exemple emblématique de la mobilisation du secteur privé
5. L’ingénierie industrielle en levier de l’efficacité
A. Les aléas de la montée en puissance des chaînes de production
B. L’enjeu des machines-outils
Conclusion
Chapitre IV. Vers un déluge d’obus
1. Produire des obus en masse
A. Une montée en puissance difficile
B. Le système productif des obus de plus en plus structuré
2. Les arsenaux dans la guerre des obus
3. Le secteur privé mobilisé pour les obus
A. L’essaimage de l’industrie des obus
B. Des entreprises reconverties dans les fabrications d’artillerie.
C. Un mini-système productif en région parisienne
D. L’essaimage au sein de mini-systèmes productifs régionaux..
4. Un déluge d’obus
5. Les retombées de la guerre des obus sur des branches latérales
A. Les mécaniciens au service de la guerre des obus
B. Les emballeurs, rouages modestes mais essentiels
Chapitre V. Les batailles industrielles en 1916 : enjeux, initiatives et blocages
1. Les conséquences immédiates de la bataille de Verdun
2. La bataille de l’industrie des armements
3. La mise en oeuvre du programme de mai-juin-septembre 1916
4. Innover au son du canon en 1916
A. L’entrée dans l’ère des véhicules de guerre
B. L’importance des armements légers
C. Le décollage de léquipement aéronautique
5. Une économie mixte équilibrée ?
Conclusion
Chapitre VI. L’élargissement de la diversité des productions d’armements
1. L’enjeu des armements légers
2. L’enjeu des cartouches
3. L’enjeu des grenades à mai4. L’enjeu des mitrailleuses
5. L’enjeu des chars : une lente maturation stratégique
A. Des cuirassés terrestres en appui aux assauts de l’infanterie
B. La percée des chars d’assaut
C. Le triomphe des chars légers type Renault
D. Une usine Berliet pour des chars
E. Une esquisse de bilan technique de la guerre mécanique
6. L’enjeu des innovations en optique
Conclusion
Chapitre VII. Schneider en guerre
1. Déjà un complexe militaro-industriel à la veille de la guerre
A. La poursuite des programmes d’artillerie
B. La cristallisation d’un bloc amont-aval
2. La mobilisation industrielle en 1914
A. La mise en place de l’action de guerre
B. L’afflux des commandes de guerre
3. La poussée de l’industrie lourde en 1915-1918
A. Le renforcement du pôle du Creusot
B. Schneider glisse plus encore vers la Normandie
4. Schneider dans la guerre de l’artillerie
5. Schneider entraînée par la guerre des obus
6. Schneider face à la crise des transports
7. La révolution électrique accélérée par la guerre ?
8. Schneider engagée toujours plus dans l’industrie des transports..
9. Innover dans la gestion de firme
A. Un état-major civil dans la guerre
B. L’évolution du mode d’impulsion et de contrôle
C. Une gestion plus fine des ressources humaines
10. Considérations sur la situation bilancielle de Schneider au sortir de la guerre
Conclusion
Annexe. Discours d’Albert Thomas chez Schneider en avril 1916 197
Chapitre VIII. Une guerre économique discrète, en amont de la production d’armements
1. Une course à l’acier
2. Un équilibre délicat entre importations et production nationale.
3. Une course au charbon
4. L’énergie électrique dans la guerre industrielle
A. Les investissements en hydroélectricité
B. Vers une économie mixte de l’électricité
5. La bataille de l’électrométallurgie
6. Le bond de la chimie en guerre
A. L’émergence d’une chimie de guerre
B. La chimie classique mobilisée : la chimie des poudres
C. Surmonter la dépendance initiale vis-à-vis des technologies allemandes
D. La bataille de la production d’explosifs et de gaz de
combat : la percée de la chimie des gaz
E. Les investissements en usines électrochimiques
F. Saint-Gobain en action
7. Produire pour la vie quotidienne des soldats
Conclusion
Chapitre IX. Une course aux moyens de transport
1. L’enjeu des camions de guerre
2. Berliet, fer de lance des camions
3. La course aux navires de fret
Deuxième partie
La guerre de l’air gagnée aussi dans les usines
Chapitre X. La machine de guerre aéronautique en 1914-1919
1. La conception de programmes aéronautiques
A. Une esquisse de système d’aéronautique en 1914-1915
B. Les cafouillages de l’hiver et du printemps 1916
C. Une réelle mutation au tournant de 1917
2. L’essor de l’industrie aéronautique
A. Les ramifications de l’industrie aéronautique
B. Les vibrations d’un système productif en décollage au second semestre 1914
C. Une courbe ascendante affirmée en 1915-1916
D. Une belle puissance de vol pour les conventions et contrats en 1917
E. Le boum de la production
3. Un esprit d’entreprise et d’innovation
4. Lyon pôle de production aéronautique
5. La densification et la diversification de la filière amont
6. Sans cesse innover tout en amplifiant la production
Conclusion
Chapitre XI. L’Ouest parisien, coeur de l’aéronautique de guerre
1. Hanriot, un pionnier mobilisé par l’effort de guerre
2. Morane-Saulnier à Puteaux, des expérimentations aux séries
A. Des marchés de part et dautre de la déclaration de guerre
B. L’explosion des commandes d’avions
3. La montée en puissance de Caudron entre Issy-les-Moulineaux et Lyon
A. Caudron, régulièrement au coeur des marchés publics
B. D’énormes contrats en 1918
4. Voisin, acteur pluraliste de la guerre aérienne
5. A Suresnes, la seconde aventure de Louis Blériot
6. Nieuport, spécialiste des ... Nieuport, à Issy-les-Moulineaux
7. Le décollage de Breguet à Villacoublay
8. Une esquisse de bilan de la production des leaders de l’Ouest parisien
9. Une floraison d’entrepreneurs en aéronautique de guerre
A. Une première aventure militaire pour
Afin de répondre aux demandes de plus en plus importantes et répétées des armées, l’industrie s’érige en vaste front de l’arrière. Des usines se reconvertissent ou sont créées ; les grandes entreprises deviennent des « firmes-pivots » structurant, au sein de chaque branche d’activité, de grands établissements, des pme et des sous-traitants. Des flux d’innovations se répandent dans l’artillerie, l’aéronautique, les chars, les méthodes de fabrication. La pénurie de produits de base, de charbon, de moyens de transport et de main-d’œuvre enraye ces processus ; une économie administrée se cristallise pour les surmonter. Il faut aussi financer les investissements et les besoins courants des entreprises et de la commande publique, d’où le rôle croissant des banques. Un enjeu clé est d’affûter la compétitivité des systèmes productifs nationaux et locaux afin de contrecarrer la puissance industrielle allemande au cœur de la guerre, puis de préparer la nouvelle Europe économique de la paix.
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TABLE DES MATIÈRES
REMERCIEMENTS
INTRODUCTION
D’UNE RENAISSANCE À L’AUTRE
Goût et esprit de la Renaissance au XIXe siècle
Renaissance romantique
Actualité de la Renaissance
Instrumentalisations politiques du XVIe siècle
Renaissance révolutionnaire
PREMIÈRE PARTIE
LA FABRIQUE ROMANTIQUE DES TEMPS MODERNES
CHAPITRE PREMIER
MISES EN INTRIGUE DE LA RENAISSANCE ROMANTIQUE
Expansions, transitions, ruptures
L’avènement des Temps modernes ; Périodiser la « zone Renaissance » : trois mises en intrigue ; De la transition à la rupture : Michelet et Quinet
La catholicisation de la Renaissance
Ténèbres de la Renaissance ; Palingénésies et syncrétismes ; « Recatholisation »
Configurations « troubadour » et révolutionnaire : l’exemple
de la chevalerie
Renaissance « troubadour » ; Renaissance romantique ; Renaissance moderniste
CHAPITRE II
LA RÉFORME ET LES TEMPS MODERNES : RÉSISTANCE, RÉVOLUTION, DÉCHÉANCE
L’aurore contestée de la Réforme
A rebours et en avant : la Réforme et ses révolutions ; Modernités de la Réforme : résistance et opposition ; La Réforme, un contre-génie de la modernité
Du libre examen et de l’individualisme
Stendhal et la souveraineté morale de l’individu ; Mérimée et le scepticisme de la liberté individuelle ; Balzac et les enjeux politico-philosophiques de l’esprit d’examen
De la Réforme comme mouvement révolutionnaire
Réforme, résistance, révolution ; Antiprotestantisme et antilibéralisme ; Esprit révolutionnaire et opposition
DEUXIÈME PARTIE
LÉGITIMER LE POUVOIR : INSTRUMENTALISATIONS IDÉOLOGIQUES DES GUERRES DE RELIGION
CHAPITRE III
LE « BON HENRI » DANS TOUS SES ÉTATS
Le siècle d’Henri IV
La légende royaliste d’Henri IV ; Un succès de librairie
Henri IV au théâtre
Henri IV et la réconciliation nationale ; Paternalisme royal ; Le corps collé et cloné d’Henri IV : la restauration des deux corps du roi
Le rétablissement de la statue équestre d’Henri IV
Instrumentalisations politiques ; Odes à Henri IV et à la monarchie restaurée ; Restauration du modèle eucharistique
CHAPITRE IV
LE « SIÈCLE DES GUISE ET DES VALOIS » : MISE EN FICTION DES GUERRES DE RELIGION
Réconciliation nationale et résistance politique
Réconciliation nationale et retour à l’ordre ; Vers une nouvelle Saint-Barthélemy ; Dramatisation romantique de la Renaissance
Les vérités du XVIe siècle
Vérité historique, vérité poétique ; Les limites de la vérité historique ; Les leurres du fac-similé
Conservatisme subversif : masculinités pittoresques et légitimation du pouvoir
Dévirilisation et délégitimation du pouvoir ; Survirilisation : légitimité restauratrice et usurpatrice ; Masculinité féminine et légitimité révolutionnaire ; Alternative et idéal masculin : légitimité de droit
CHAPITRE V
LITTÉRATURE D’OPPOSITION ET GUERRES DE RELIGION
Résistance aux anachronismes politiques
L’apprentissage du constitutionnalisme ; Fanatisme religieux et absolutisme politique
Modération et mobilisation
Les grands hommes et l’appel à la sagesse et à la modération ; Appel à la mobilisation et peur d’une nouvelle anarchie
Oppositions républicaine et légitimiste après 1830
Renforcer la conscience nationale ; Confirmer la conscience catholique ; Encourager la conscience révolutionnaire
TROISIÈME PARTIE
DES RÉVOLTES ET DES LIBERTÉS
CHAPITRE VI
L’ÂGE DE L’ORGIE : PASSIONS EN LIBERTÉ, LIBERTÉ DES MOEURS
Moeurs à l’italienne : passions énergiques, désirs de liberté
Immoralisme et génie ; Immoralisme et énergie : Stendhal ; Christianiser l’immoralisme : Hugo ; Immoralisme et liberté : Musset
L’immoralisme français entre admiration et réaction patriotique
Translation des moeurs : « un pays d’enchantement » ; Admiration de l’immoralisme : Stendhal et Mérimée ; Immoralisme et anti-italianisme
Le charme discret de l’immoralisme
Embourgeoisement et transgressions aristocratiques ; Une sexualité débridée ; Pouvoir féminin et désordre moral
CHAPITRE VII
LES LIBERTÉS DU GÉNIE ARTISTIQUE
Les arts de la Renaissance entre christianisme et paganisme
Hostilités conservatrices ; Querelle sur Raphaël : Chateaubriand ; Paganisme libéral et révolutionnaire : Esquiros et Michelet
La Renaissance des arts entre protestantisme et civilisation moderne
Arts et luxe ; Esthétique catholique et éthique protestante : Staël, Chateaubriand, Guizot ; Modernité de l’art renaissant : Stendhal, Hugo, Musset ; Esthétique et protestantisme : les noces politiques
Nationalisme et légitimité nationale de l’art renaissant
Nationalismes ; Syncrétismes : Chateaubriand, Hugo ; Légitimité nationale : Michelet et Quinet
Renaissance désenchantée : destinées mercantiles et contestataires
Désir de renouveau et éternel artistique ; Professionnalisation du génie ; Désenchantements et échecs ; Révoltes et combats
CHAPITRE VIII
SAVOIRS EN LIBERTÉ : LIBIDO SCIENDI, LIBIDO DOMINANDI
Imprimerie et liberté de pensée
Progrès de l’esprit humain et des libertés : Hugo ; Dangers de la parole dévoilée : Nodier, Nerval ; Renaissance et opinion politique : Vitet, Balzac, Michelet
Les difficultés de la modernité : humanistes, inventeurs, navigateurs
Humanisme « capacitaire » ; Marginalisation et méfiance de l’esprit créateur ; Colonialisme idéologique des découvertes
Pouvoir et savoir des sciences
Epistémologie et sciences occultes ; Politique des sciences occultes ; Sciences occultes et religion
CONCLUSION
VERS UNE RENAISSANCE DU MOI
ANNEXE
LA RENAISSANCE ROMANTIQUE MISE EN FICTION
BIBLIOGRAPHIE
Sources : littérature et histoire
Seizième siècle : historiographie et réception
Etudes critiques : littérature et histoire
INDEX NOMINUM
UM
Le début du XIXe siècle compose une Renaissance qui lui permet de réfléchir à son actualité intellectuelle et politique. Bien avant Michelet, presque tous les auteurs ont diffusé des images d’une époque très controversée : Chateaubriand, Balzac, Dumas, Musset, Mérimée, Stendhal et bien sûr Hugo. Concept métahistorique, « singulier collectif » englobant toutes les expériences fondées sur l’idée du renouveau, la Renaissance romantique est intégralement liée à l’expérience récente de la Révolution française. Que ce soit pour célébrer la restauration de la monarchie des Bourbons, contester un pouvoir irrespectueux des acquis révolutionnaires validés par la Charte, ou encore exprimer les espoirs déçus des Trois Glorieuses, les précédents du XVIe siècle offrent un arsenal d’arguments qui se prêtent à la manipulation à des fins de propagande, de combat politique ou de résistance. Cette somme propose une vision d’ensemble de cette Renaissance romantique, de linstrumentalisation politique à l’usage idéologique, de la construction historiographique aux représentations littéraires.
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Sommaire
I. Etudes - Samuel GRAS, "L'atelier de Jean Poyer à Madrid. Un missel au temps des fiançailles de Charles VIII et Marguerite d'Autriche"; Annalisa MASTELOTTO, "Au fil des pages: les notes marginales de l'exemplaire de travail de la Bibliotheca Universalis de Gesner consacrées aux auteurs italiens"; Evelien CHAYES, "Bibliothèques bordelaises à l'époque de Montaigne"; Dominique VIDAL, "Le Théâtre d'Agriculture et mesnage des champs, d'Olivier de Serres dans les catalogues de ventes de bibliothèques au XVIIIe siècle, de Jacques-Auguste de Thou à Jean-Baptiste Huzard"; Peter NAHON, "Un regard bordelais sur le rite comtadin en 1847, assorti de quelques notes sur la disparition de celui-ci"; Michel WIEDEMANN et Pierre COUDROY DE LILLE, "Les hommes illustres de Plutarque à nos jours: à propos d'une collection de François Séraphin Delpech"; Christophe BLANQUIE,: "L'érudit, l'évêque et le ministre: le premier Tamizey de Larroque"; Xavier ROSAN, "L'écrivain Louis Emié (1900-1967) et les arts"; Nathalie DIETSCHY, "Le livre d'artiste: au-delà de la page à l'ère digitale" - II. Variétés - André GALLET, "Corisande, Henri de Navarre et Montaigne"; Gilles DUVAL; "Registre de sommet et Cartes de visite, des imprimés parfois négligés: l'exemple du Pic Long (3.192 m), 1928-1939".
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Forme à la fois immémoriale et moderne, condition d’ordre et ferment de panique, associée à la mémoire et au savoir comme à l’oubli et à la dépense, la liste est partout. On la remarque dans les écrits les plus banals, les plus prosaïques, aussi bien que dans un nombre illimité de productions littéraires. Aussi courante – sinon plus – que le discours narratif construit auquel elle s’oppose, elle est pourtant longtemps restée inaperçue, voire gênante, signe d’aridité ou de factualité terre-à-terre, tache aveugle des études littéraires. Son observation poussée révèle néanmoins une extraordinaire richesse d’expression. Qu’on l’appréhende sous son angle le plus formel ou qu’on la réinsère dans les contextes de son apparition, on constate qu’elle soulève de nombreux questionnements, d’ordre grammatical, typographique ou épistémologique, aussi bien qu’affectif, ludique ou thymique. Elle se présente enfin comme une forme à la pertinence historique considérable pour la compréhension de la littérature de la seconde moitié du XXe siècle, et au-delà. Le Clézio, Modiano et Perec en témoignent, arpenteurs d’un temps profondément inscrit dans un mouvement oscillatoire de pléthore et de manque. Une perspective qui signale la liste comme l’un des symptômes scripturaux les plus prégnants de notre époque.
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TABLE DES MATIÈRES
Remerciements
Introduction générale
1. Des acquis préalables déjà substantiels
2. Des crises récentes aux investigations académiques
3. Des crises générales ou individualisées aux batailles boursières
4. De l’Histoire une morale de l’histoire ?
Première partie
Les crises boursières
CHAPITRE PREMIER
Enjeux et éléments de caractérisation des crises boursières (Bertrand Blancheton)
1. Définition et identification des crises boursières
2. La distinction entr crise boursière et krach boursier
3. Une crise a-t-elle forcément des effets réels ?
4. Les méthodes utilisées pour repérer les turbulences boursières
A. La méthode dite CMAX
B. La méthode des fenêtres
5. Démarche de l’étude pour repérer les crises boursières françaises
6. Grilles de lecture pour aborder les crises boursières
A. Les analyses d’Hyman Minsky et de Charles Kindleberger
B. Facteurs moutonniers, psychologie des investisseurs et volatilité des cours
CHAPITRE II
Les crises boursières dans l’entre-deux-guerres (Hubert Bonin)
1. La crise boursière fille de la récession de 1920-1921
2. La France dans la « crise de 1929 » : les soubresauts d’une grave crise boursière
A. Vers une crise de confiance
B. La glissade des cours de Bourse de février 1929 au tournant de 1932
C. La reprise de la glissade des cours malgré les rebonds du marché financier français (1932-1934)
3. L’improbable sortie de la crise boursière en 1935-1938
4. Une Bourse durablement atone
CHAPITRE III
Les crises boursières pendant les Trente Glorieuses (1945-1973) (Hubert Bonin et Bertrand Blancheton)
1. De « mini-crises boursières » en phase avec les soubresauts conjoncturels (1949-1958)
A. Un tsunami de « peur » idéologico-capitaliste ? L’effondrement boursier de 1944-1946
B. Une première bourrasque en 1949-1950
C. Une deuxième bourrasque en 1952-1953
D. Les effets de la crise de régime en 1958 ?
2. Le paradoxe français de la crise boursière de 1961-1967
A. Un mouvement de correction après la hausse des années 1950
B. L’arrêt brutal de la croissance des dividendes
C. Les taux d’intérêt ne sont pas responsables
D. Les déterminants politiques de la chute de la Bourse de Paris
E. Les effets du plan de stabilisation (1963-1967)
3. Le poids des caractéristiques structurelles de la place financière de Paris
A. L’économie d’endettement (overdraft economy) en tant
que facteur de prolongation de la crise boursière
B. Trop de financement de l’immobilier ?
C. Opacité et étroitesse du marché parisien
4. La récession mondiale et une modeste crise boursière française (février 1970-novembre 1971)
CHAPITRE IV
Les spécificités françaises dans les crises des années 1970 et du seuil des années 1980 (Bertrand Blancheton)
1. Les causes de la crise boursière de 1973-1974
2. La crise boursière de 1976-1978 : symptômes et causes
3. L’arrivée de la Gauche au pouvoir et la crise boursière de 1981
CHAPITRE V
La place de Paris secouée par des crises boursières « globales » (1987, 2000-2003, 2007-2009) (Bertrand Blancheton)
1. La crise de 1987 en tant que première crise moderne : une crise globale liée à la financiarisation de l’économie
2. La crise de 2000-2003 : du boum au krach
3. La crise de 2007-2009, une crise de la finance sophistiquée
CHAPITRE VI
Réflexions sur la volatilité du CAC 40 entre 1990 et 2016 (Bertrand Blancheton)
1. L’obsession de la volatilité, révélatrice d’une peur croissante de l’incertain
2. Trading de haute fréquence et volatilité des marchés
3. Méthodologie et données
A. Le VIX, indice de la peur
B. La volatilité historique
C. Les données
4. L’absence de tendance de long terme à la hausse de la volatilité
5. Les crises boursières porteuses de volatilité
Conclusion
Conclusion de la première partie
Deuxième partie
Les offensives boursières en France au XXe siècle (Hubert Bonin)
CHAPITRE VII
La préhistoire des offensives boursières (des années 1910 aux années 1960)
1. Les services collectifs enjeux d’offensives boursières
2. Des offensives exceptionnelles
A. Les Chargeurs réunis en cible (1927-1928)
B. Les Wagons-Lits en cible (1923)
3. Le patriotisme économique boursier contre l’intrusion étrangère
A. La Société houillère de Liévin en cible
B. Le Crédit lyonnais en cible ?
C. Prévenir les offensives : les actions à vote plural
4. L’écueil de la fluidité du capital-actions : la fragilité du contrôle des entreprises
A. L’affaire Blanchisserie & teinturerie de Thaon-Lederlin (1928-1931)
B. L’affaire Compagnie générale d’électricité-Société industrielle des téléphones (1930-1938)
CHAPITRE VIII
Le décollage des offensives boursières dans les années 1960-1970
1. Des regroupements capitalistiques sans offensive boursière
2. Le décollage des offensives boursières (1964)
A. La Banque de l’union parisienne en cible
B. La Franco-Wyoming cible de la première OPA française
3. La création des savoir-faire en fusions & acquisitions
4. Des défis à la morale des affaires classique : l’affaire du CIC de 1968-1969
5. La banalisation des offensives boursières sectorielles
A. L’industrie et la distribution alimentaires agitées par des offensives
B. L’industrie agro-alimentaire en champ de bataille
C. L’assurance foyer de luttes boursières
D. Delmas-Vieljeux face à CNM
E. L’esquisse de la concentration hôtelière
F. Un match entre sidérurgistes (1973-1975)
6. En quête de chevaliers blancs
7. Des offensives étrangères ?
CHAPITRE IX
La bataille boursière autour de Saint-Gobain en 1968-1969
1. Saint-Gobain confrontée à son destin stratégique
2. Le lancement d’une offre boursière sur Saint-Gobain : David contre Goliath
3. L’actionnariat de Saint-Gobain, coeur de cible
4. Les banquiers et agents de change impliqués dans la bataille boursière
A. Des banques conseils habiles
B. Des opérations plus ou moins discrètes de ramassage en Bourse
5. La bataille de la communication institutionnelle
A. Motiver les actionnaires
B. Une logique industrielle
C. Une logique boursière
D. Une relance continuelle du dialogue
E. Inciter à la découverte de Saint-Gobain
F. La diffusion de la communication dans les médias
6. L’aventure du cours de l’action Saint-Gobain en Bourse
A. L’inflexion dun cours jusqu’alors incertain : le bond de l’action grâce au ramassage par le clan BSN
B. La contre-attaque du clan Saint-Gobain sur le marché
C. Une révolution dans la composition du capital de Saint-Gobain
Conclusion : le destin stratégiqudes deux protagonistes
CHAPITRE X
Les pouvoirs publics face aux batailles boursières
1. L’objectif de la transparence et le principe de l’égalité
2. L’affirmation d’un pouvoir de surveillance et d’information
3. La première réglementation d’ensemble (1970)
4. La consécration de la notion d’action de concert
5. Une éducation laborieuse de la place en 1973-1975
A. Des autorités boursières mécontentes
B. Le durcissement de la réglementation en juillet 1974 et mai 1975
C. Une étape décisive franchie en 1978 dans la supervision de la Place
6. Les limites à l’émergence des offensives boursières au tournant des années 1980
Troisième partie
L’une des plus belles batailles boursières en France : BNP, Société générale et Paribas (1999) (Hubert Bonin)
CHAPITRE XI
La Société générale face à la BNP : une bataille boursière et bancaire en 1999-2000
1. Un désir d’alliance à la fin des années 1990
A. Vers la banque globalisée
B. La Société générale, un groupe manquant de robustesse ?
C. Paribas cible volontaire ?
2. La mise en oeuvre du projet de fusion entre la Société générale et Paribas
A. Une floraison de projets de rapprochement interbancaire
B. Paribas une banque au redressement réussi
C. Une fusion efficace ?
D. SG-Paribas, une fusion entre égaux ?
3. Les états d’âme de la BNP face au projet SG-Paribas
A. Le redressement discret de la BNP
B. Une solution en esquisse : BNP et Société générale (fin 1998-janvier 1999)
C. La crainte de laBNP d’être trop devancée (février-mars 1999)
4. Deux projets face à face en mars-avril 1999
A. La réaction combative de la BNP
B. Le ralliement symbolique de Claude Bébéar au projet de la BNP
C. Un projet SG-Paribas décevant ?
CHAPITRE XII
La Générale entre force du droit et force de conviction
1. L’offensive judiciaire : le tournant du recours
2. Les surenchères de la Société générale et de la BNP
3. Convaincre les actionnaires
A. L’actionnariat initial de la Société générale et de Paribas
B. Une campagne de persuasion française
C. Une campagne d’explication internationale
D. La bataille des chiffres
4. En quête d’alliés
A. Les entreprises partenaires : des relais dans le patronat français
B. Des partenaires européens : BSCH et CGU
5. Certitudes et incertitudes
CHAPITRE XIII
La Société générale face à la BNP : de la bataille libérale à l’arbitrage public
1. Des processus de procédures juridiques et financières
2. Le gouvernement impliqué dans la bataille ?
3. La supervision des opérations
A. La vigilance du Conseil des marchés financiers
B. La surveillance exercée par la Commission des opérations de Bourse
4. Ouvrir la place bancaire à des opérations hostiles ?
5. Comment enrayer le risque d’un oligopole bancaire ?
6. Le patronage du gouverneur de la Banque de France ?
7. Le CECEI arbitre ou stratège ?
A. Le CECEI ultime outil de persuasion
B. Les décisions du CECEI pendant la bataille
8. Les enjeux d’une ultime décision du CECEI
A. Une ultime tentative de conciliation : la réunion du 24 août
B. La réunion décisive du 27 août : « la nuit du gouverneur »
9. L’Etat entre interventionnisme et laissez-faire
CHAPITRE XIV
Sur le champ de bataille : la mobilisation des techniques de communication
1. La Société générale contre-attaque
A. Le rejet d’une opération jugée hostile
B. La préparation d’une contre-offensive
2. La Générale engagée dans une guerre de la communication
A. Des spécialistes en communication institutionnelle
B. La dénonciation du projet SBP
C. Le projet SG-Paribas plus rassurant et séduisant ?
D. La seconde étape de la communication publicitaire
3. Le déploiement d’une grande campagne de communication de la part de la BNP
A. Un projet SBP plus séduisant ?
B. La BNP lance son offensive de communication institutionnelle.
Conclusion
CHAPITRE XV
Une victoire contestée : de la bataille boursière à une bataille sociale ?
1. Le dénouement boursier
2. Les salariés de la Générale dans la tourmente
A. Informer et convaincre les salariés
B. La perception des enjeux sociaux
C. Les salariés de la Générale à l’action
3. Des cadres de Paribas réticents face à la Société générale ?
4. L’ultime coup de collier des salariés de la Générale (août 1999)
CHAPITRE XVI
Les effets de la bataille boursière sur les deux adversaires
1. La BNP tout de même victorieuse : le défi de réussir la fusion
A. Les lendemains qui chantent
B. Un nouveau logotype
2. Des leçons à tirer de la bataille boursière par la Société générale ?
A. La Société générale isolée ?
B. Une politique de développement désormais sereine
C. Vers une évolution de la culture d’entreprise ?
3. Une gagnante oubliée : Paribas
Conclusion
Annexe. Une recension darticles parus pendant la bataille boursière et interbancaire en 1999
Quatrième partie
La recomposition de l’économie française et les batailles boursières à la fin du XXe siècle et au tournant du XXIe siècle (Hubert Bonin)
CHAPITRE XVII
Lplace parisienne insérée dans l’économie des offensives boursières (1985-2005)
1. Une évaluation quantitative des batailles boursières entre 1986 et 2008
2. La libéralisation de l’économie propice au rebond des offensives boursières
3. Les pulsations des offensives boursières
A. Une opeamania ?
B. La fluidité du capitalisme financiarisé
C. De l’opeamania à des logiques apaisées et banalisées ?
4. Les acteurs des offensives boursières
Conclusion
CHAPITRE XVIII
Des offensives boursières exprimant des stratégies de mutualisation
1. Créer un champion national compétitif à l’échelle européenne
2. La bataille des services
A. La bataille de l’hôtellerie
B. La bataille de la grande distribution
3. Deux fédérateurs pressés : les groupes Arnault et Pinault
A. Les ambitions du stratège fédérateur François Pinault
B. Les ambitions du stratège fédérateur Bernard Arnault
C. Les deux fédérateurs face à face en 1999
4. L’assurance restructurée
A. Des batailles pour constituer le premier groupe français
B. D’une offensive à un feu d’artifices d’attaques pour contrôler les AGF
5. Les offensives de la transnationalisation
Conclusion
CHAPITRE XIX
La montée en puissance des autorités européennes et françaises
1. Les offensives boursières sous le regard de l’Europe
2. Une régulation plus fine face à un interventionnisme déguisé
3. L’impossibilité récurrente d’empêcher des pratiques complexes
A. Un droit qui doit être élastique et réactif
B. Un tour de vis sur les ramassages en Bourse
C. Plusieurs dossiers complexes et parfois opaques en 1988-1991
Cinquième partie
Une place boursière tourmentée ? Les acteurs de la vie boursière (2000-2016) (Hubert Bonin)
CHAPITRE XX
Un début de XXIe siècle torride : un nouveau style de batailles boursières
1. Les batailles boursières contraires à l’esprit du capitalisme à la française ?
A. La culture du capitalisme à la française face aux batailles boursières ?
B. L’exacerbation dun capitalisme « violent » ?
C. « Barbarians at the Gate » ?
2. Encore de vraies batailles boursières ?
A. La bataille autour de Darty (2015-2016)
B. La bataille autour de la Foncière des régions (2016)
C. Le Club Med champ de bataille boursière(2014-2015)
3. Des batailles boursières visant à l’éclatement des familles
A. L’offensive sur les Galeries Lafayette (2004-2005)
B. L’affaire Hermès: une offensive boursière prédatrice (2006-2013) ?
CHAPITRE XXI
Encore plus de sophistication dans les batailles boursières
1. Vincent Bolloré : des batailles boursières sans bataille ?
A. Rivaud sous la coupe de Vincent Bolloré : une OPA « psychologique »
B. Une prise de contrôle rampante de Vivendi (2012-2016)
C. Ubisoft cible d’une prise de contrôle rampante par Vivendi (2015-2017)
2. Des batailles pour le contrôle sans batailles boursières : les fonds d’investissement en nouveaux intervenants financiers
A. Une logique d’éclatement des actifs
B. Une logique d’inflexion stratégique : les prises de contrôle rampantes
C. Les cas d’AccorHôtels et de Carrefour
3. Des armes affûtées au tournant de la deuxième décennie du siècle : Banquiers et avocats d’affaires
Conclusion
CHAPITRE XXII
Euronext confrontée à une crise d’adaptation permanente
1. Les freins à la promotion et à la résistance d’une bourse parisienne
A. Des handicaps structurels sérieux
B. A-t-on besoin d’un patriotisme boursier ?
2. Sortir de la crise par une ambition stratégique dynamique
A. S’extraire du poids du passé
B. Une grave crise de jeunesse
C. D’une crise franco-française à un modèle stratégique européanisé
D. Une crise latente dans les rapports entre la place et la Bourse parisiennes
E. La crise de compétitivité surmontée ?
3. Une crise d’adaptation accentuée par la MIFID I (2007)
4. L’ambigüité de la mondialisation transatlantique : une crise d’identité
A. L’impasse d’un premier projet euro-allemand (2006)
B. Euronext se rapproche du NYSE en 2006-2007
C. NYSE-Euronext leader mondial en 2007-2010
D. La crise d’exécution du programme de fusion NYSEEuronext..
E. L’échec d’une nouvelle tentative d’union avec Deutsche Börse (2011)
5. NYSE-Euronext en proie à une crise d’identité : la cible d’ICE (2012)
CHAPITRE XXIII
Euronext, de la crise stratégique à la mobilisation de la place
1. Une crise existentielle
2. Emerger de la crise : refonder Euronext
3. Affronter à nouveau la crise de compétitivité
4. Un capital de compétences à valoriser
5. De la crise de compétitivité à une crise de modestie
A. L’erreur de la perte du LIFFE
B. L’enjeu des chambres de compensation
6. Des opportunités de rebond
7. Les deux défis de la fin de la décennie
A. Le défi éphémère de la fusion entre le LSE et Deutsche Börse
B. Euronext bénéficiaire du Brexit ?
Conclusion
Conclusion générale
Index
Présentation des auteurs
Les soubresauts des marchés financiers et l’âpreté des batailles entre capitalistes ont toujours été fascinants, jusque dans la littérature. Pour étudier ces phénomènes, un économiste et un historien se sont à nouveau associés. Ils reconstituent la volatilité de la Place à chaque cycle conjoncturel et lors des boums spéculatifs ; ils évaluent les tensions provoquées par des offensives sur le capital d’entreprises. L’économie de marché et le capitalisme libéral s’appuient sur les marchés financiers afin de lever les fonds nécessaires à leurs investissements et à leur déploiement stratégique ; mais les crises bousculent ces schémas. Il fallait d’abord s’interroger sur les arcanes de l’éclatement des crises boursi¨res et sur leur durée, ce qui constitue le socle de la première partie. Dans chaque pays, des firmes de premier plan ont sans cesse entraîné la recomposition de leur capitalisme. Elles aussi mobilisent le marché financier, mais pour y acquérir lestitres des sociétés devenues des proies. Le livre apprécie leurs motivations, leurs outils d’action, les obstacles rencontrés, le rôle des banquiers et avocats d’affaires. Un dépouillement des séries statistiques et de la presse financière, ainsi que le recueil du témoignage de trois douzaines d’acteurs anciens ou actuels de la vie de la Place permettent de préciser les faits. C’est presque une véritable enquête policière, en quête des causes des crises et des circonstances des batailles boursières. Ce livre permet ainsi de comprendre le long financement des entreprises et leurs restructurations capitalistiques, fort de son ouverture à toutes les parties prenantes de la vie des firmes. Tous les chapitres sont autant d’essais engageant le débat.
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Les artistes du monde entier se ruèrent vers Paris à la charnière du xixe et du xxe siècle. Pourtant, les années 1889 à 1908 sont généralement considérées par l’histoire de l’art scandinave comme une période nationaliste venant après deux décennies d’influence française. La France aurait été subitement abandonnée par les artistes scandinaves après l’Exposition universelle de 1889, et ceux-ci ne se seraient tournés de nouveau vers Paris qu’en 1908 avec la venue en France des élèves d’Henri Matisse. Mais cette thèse du « retour au pays » est-elle réellement fondée ? S’appuyant sur des sources scandinaves aussi bien que françaises (en particulier le dépouillement exhaustif des catalogues de Salons parisiens, les correspondances conservées à l’Académie royale des beaux-arts de Suède et dans les archives d’Auguste Rodin), cet ouvrage nous dévoile une nouvelle vision de l’histoire de l’art scandinave autour de 1900. Prenant en compte également l’accueil critique de ces artistes en France, il met au jour la vivacité de toute une communauté d’artistes, largement méconnue jusqu’à ce jour : plus de 380 artistes suédois et norvégiens parmi lesquels on retrouve notamment Edvard Munch, Anders Zorn, Julia Beck, Frits Thaulow, Edvard Diriks, Agnès de Frumerie, Nils Barck, Ambrosia Tønnesen et Carl Milles. On découvre les carrières souvent couronnées de succès ainsi que les liens étroits de cette communauté avec le milieu artistique cosmopolite parisien. Ainsi l’auteur analyse et démonte l’origine et la création de ce « Mythe du retour » en se livrant pour finir à une critique fine de l’historiographie d’hier et d’aujourd’hui.
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L’histoire de la famille Necker est celle d’une ascension sociale unique. Jacques Necker (1732-1804), d’origine bourgeoise modeste, débute comme banquier à Paris, fait fortune avec la Compagnie des Indes et, en 1776, devient Ministre des Finances de Louis XVI et achète le château de Coppet en 1784. Sa fille Germaine (1766-1817), mariée à Eric Magnus de Staël-Holstein, est la seule héritière de cette fortune. Au cours de sa courte vie (elle meurt à l’âge de 51 ans), Germaine de Staël publie une trentaine de livres et d’essais, dont les deux plus connus sont Corinne ou l’Italie (1807) et De l’Allemagne (1810). Elle tient son titre de gloire d’être une exilée et farouche opposante à Napoléon. Quand elle ne voyage pas, elle reste à Coppet où elle est aussi connue pour avoir rassemblé autour d’elle « les Etats généraux de l’opinion européenne ». Elle a su tisser des réseaux d’amitiés à travers toute l’Europe et les Etats-Unis. Ce travail prend comme point de départ ce réseau d’intellectuels et d'aristocrates polyglottes pour mieux comprendre les différentes facettes et mécanismes de la sociabilité au château de Coppet. Martina Priebe étudie le lien subtil entre le Groupe de Coppet comme mouvement intellectuel et le rayonnement de Coppet comme mécanisme de communication, avec l’organisation de la vie quotidienne (jeu, fête, dîner) et l’espace du château (les chambres, le mobilier et les œuvres d’art). Elle montre que la sociabilité à Coppet, entre Lumières et romantisme, a été un terrain fécond pour imaginer avant de les propager maintes idées républicaines.